vendredi 23 mars 2018

10 idées fausses sur la traduction

Souhaitant voulant être traducteur, Stéphane Demazure vous propose aujourd’hui de découvrir 10 idées fausses sur le secteur de la traduction. En effet, lorsque l’on n’étudie pas dans ce domaine ou que n’on ne connaît pas de traducteur spécialisé, il est facile d’avoir des préjugés sur ce métier qui est bien plus difficile qu’il ne le laisse croire. Retour sur 10 idées clichés sur la traduction proposées par Stéphane Demazure.

Traduire, c’est facile !

Traduire, c’est donner l’équivalent d’un document d’une langue vers une autre. Cela nécessite donc une parfaite compréhension du message, de la terminologie, de l’adaptation ainsi qu’un sens du style, en particulier dans la traduction littéraire dont Stéphane Demazure vous a parlé dans un précédent article (les différents types de traducteurs). Par ailleurs, on ne peut traduire que vers sa langue maternelle ajoute Stéphane Demazure.
On dit qu’il faut 7 ans pour faire un bon analyste financier ; en traduction c’est du même ordre ! Enfin, il y a près de 2 milliards de bilingues dans le monde et environ 250 000 traducteurs. On comprend alors que la maîtrise des langues ne suffit pas à faire un bon traducteur et que non, traduire n’est pas une tâche aisée !

Il suffit d’être bilingue. Faux, nous dit Stéphane Demazure

En effet, comme nous venons de le voir, traduire est un véritable métier qui s’apprend. Être bilingue est une chose, traduire en est une autre. Il ne suffit pas d’être bilingue pour traduire, pas plus qu’il ne suffit de savoir compter pour être comptable. Car, ajoute Stéphane Demazure, parler plusieurs langues ou être doué en langues ne suffit pas pour traduire.

Les traductions sont faîtes par des logiciels

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La traduction automatique et les logiciels d'aide à la traduction sont deux choses bien distinctes, rappelle Stéphane Demazure
Les professionnels de la traduction n’utilisent pas de traduction automatique. En effet, une traduction simplement relue ne fera jamais une bonne traduction. Les outils de traduction assistée par ordinateur (que Stéphane Demazure vous décryptera au cours d’un prochain article) ne sont pas des logiciels de traduction automatique comme Google Traduction par exemple. Ils constituent des aides mais ne remplacent pas le travail du traducteur. Par ailleurs, les traductions professionnelles sont réalisées par des traducteurs de métier, pas par des logiciels ni des étudiants au black ou des professeurs à la retraite.

Les certifications garantissent la qualité de la traduction

Il y a des métiers où la certification est bien entendu une indication du niveau de la qualité d’un fournisseur, d’autres pas, indique Stéphane Demazure. Sachons qu’il existe au moins 3 types de certifications en traduction mais aucune ne garantit le niveau de qualité de la traduction elle-même. En d’autres termes, ce n’est donc pas un label de qualité.

Une traduction professionnelle doit être relue par un tiers

En théorie, cela semble évident. Dans la pratique, cela déresponsabilise le traducteur qui se croit autorisé à livrer un produit semi-fini. Toujours dans la pratique, cela conduit à faire relire par des juniors de mauvaises traductions réalisées par des traducteurs choisis pour leurs prix et non pour leur compétence, explique Stéphane Demazure. Une relecture n’a donc de sens que si elle est réalisée par un traducteur plus sénior, ce qui augmenterait les coûts.

Il faut être avocat pour traduire du juridique etc.

Stéphane Demazure avait abordé les différents types de traduction dont justement la juridique. Et bien sachez que, sans exception, la nécessité d’être avocat pour traduire du juridique (ça n’est qu’un exemple parmi tant d’autres) est impossible et illusoire. C’est impossible étant donnés les différentiels de rémunération entre un avocat, un médecin etc. et un traducteur. Et c’est illusoire car traduire n’est pas une simple affaire de « terminologie métier », il ne suffit pas d’avoir les outils, il faut des années d’expérience.

Il vaut mieux faire la traduction en interne

Sauf exception, indique Stéphane Demazure, c’est une double aberration : économique et stratégique
  • Economique car les coûts cachés ne sont jamais pris en compte
  • Stratégique car il existe infiniment peu d’organisations dans le monde qui soient capables de recruter et de gérer efficacement leurs traducteurs ou interprètes.

Il faut se méfier de tout

Il est vrai que le monde de la traduction est peu connu et qu’ignorance et méfiance vont de pair. Les tests ou références permettent de départager les meilleurs dans votre propre activité ? Demandez-vous si cela est pertinent s’agissant d’une activité différente de la vôtre. Informez-vous sur l’activité et le fonctionnement de votre prestataire, l’image qu’il a de lui-même ou celle qu’il cherche à vous donner, ses points forts, ses points faibles, ses compétences…

Il faut obtenir les meilleurs prix

Réfléchissez aux enjeux de votre traduction, conseille Stéphane Demazure : c’est votre image, votre crédibilité, parfois même votre responsabilité pénale qui est engagée. En effet, seriez-vous prêt à acheter un mauvais produit que vous ne pourriez pas utiliser au seul motif qu’il était soldé ? Ainsi, le prix doit bien être le dernier critère à prendre en considération dans le choix d’un traducteur. Si c’est votre seul critère, vous ferez probablement une dépense inutile et non pas un investissement, affirme Stéphane Demazure.

Big is beautiful

La performance ne se mesure pas au nombre de salariés mais à la qualité des traductions et de la gestion de projet. Saviez-vous que dans le secteur de la traduction, les agences ont en moyenne 3 salariés seulement ?
Sans compter le nombre de traducteurs indépendants ! Faîtes-vous votre propre opinion, et voyez ce qui compte pour vous ou votre organisation, préconise Stéphane Demazure. Pour conclure, libre à vous de penser que tout ce qui précède est faux.
Mais si vous êtes un expert dans votre métier, n’avez-vous jamais constaté que ceux qui ne le connaissent pas ont aussi des idées fausses sur votre domaine ?

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